L'analyse porte sur les cas de sida déclarés au 30 juin 96 [1] et diagnostiqués jusqu'au 31 décembre 95. Les données sont présentées par année de diagnostic et non par année de déclaration.
Modalités et qualité du système de surveillance
Respect des critères de déclaration
Au cours du dernier trimestre 1995, 8,4% des questionnaires reçus concernaient des cas déjà déclarés et 2% ne correspondaient pas aux critères actuels de la définition du sida. Au total, 10,4% des questionnaires reçus n'ont pas été retenus. La proportion de cas exclus (doublons et cas hors définition) a tendance à diminuer depuis 1992 [fig.1].
Exhaustivité et représentativité de la déclaration
La sous-déclaration des cas de sida a été estimée entre 10 et 20% [4]. Il semble que les cas pédiatriques sont affectés d'une sous-déclaration plus importante que les adultes.
Délai de déclaration et redressement des données
Les cas de sida sont déclarés avec un certain délai : en 1995, 31% des cas ont été déclarés durant le trimestre de diagnostic, 38% ont été déclarés avec un trimestre de retard, 17% avec 2 ou 3 trimestres de retard et 14% un an ou plus après le diagnostic. La distribution du délai de déclaration est stable depuis 5 ans [fig.2]. Pour tenir compte de ce délai, les données sont corrigées ("redressées") à l'aide d'un modèle mathématique qui utilise la distribution des délais de déclaration des cas déjà déclarés. Les redressements sont effectués sur 8 trimestres de déclaration et portent par conséquent sur les données des années 1994 et 1995.
Principales caractéristiques épidémiologiques
Evolution
Après une progression régulière jusqu'en 1992 et
une stabilisation autour
de 10,5 cas de sida pour 100 000 habitants depuis 1993, une décroissance
s'est amorcée pour la première fois en 1995 (9,9 cas pour 100 000
habitants). Au niveau européen, le France est un des pays les plus touchés
avec l'Espagne et l'Italie.
Les taux
d'incidence
les plus élevés sont observés en Ile de France (22,3
cas pour 100 000 habitants en 1995) , dans les départements d'Outre-Mer
(18,7 cas pour 100 000 habitants) et en région Provence-Alpes-Côte d'Azur
(17,8 cas pour 100 000 habitants). Ils sont 3 à 4 fois supérieurs aux taux
d'incidence
observé sur le reste du territoire (5,5 cas pour 100 000
habitants pour toutes les autres régions) [fig.4]. Le
taux
d'incidence
a diminué par rapport à 1994 (-12% en Ile de France, -9%
en région PACA et -7% dans les autres régions) sauf dans les départements
d'Outre-Mer qui enregistrent une augmentation de +8% entre 1994 et 1995.
En 1995, les hommes, avec un taux
d'incidence
de 16,1 cas pour 100 000, sont quatre fois plus touchés que les femmes
(4,0 cas pour 100 000). Quel que
soit le sexe, le taux
d'incidence
est maximal chez les 30-34 ans (58,3 cas
pour 100 000 hommes et 15,3 cas pour 100 000 femmes en 1995) et diminue aux
âges extrêmes (0,4 cas pour 100 000 enfants de moins de 15 ans et 2,1 cas
pour 100 000 personnes de plus de 60 ans) [fig.5].
En 1995, la transmission par voie homo-bisexuelle reste le mode de contamination le plus important (38% des cas diagnostiqués), les utilisateurs de drogues injectables représentent toujours un quart des cas, la part des cas contaminés par voie hétérosexuelle a augmenté et représente également un quart des cas en 1995 [tab.2]. Parmi les cas contaminés par voie hétérosexuelle, la part la plus importante, malgré une diminution depuis 1985, concerne les personnes originaires d'Afrique sub-saharienne ou des Caraïbes ou dont le partenaire est originaire de ces régions (respectivement 25% et 18% des cas diagnostiqués parmi les hétérosexuels en 1995). La proportion des personnes contaminées par un partenaire toxicomane reste stable (14% en 1990, 13% en 1995) [tab.3].
Depuis le début de l'épidémie, 638 cas de sida (soit 1,6% de l'ensemble des cas) ont été diagnostiqués chez des enfants. La transmission materno-foetale est le mode de contamination le plus fréquent (496 cas soit 78% de l'ensemble des cas pédiatriques) [tab.4].
En 1995, les principales pathologies d'entrée dans le sida restent la pneumocystose pulmonaire, le sarcome de Kaposi, la candidose œsophagienne, la toxoplasmose cérébrale et l'infection à cytomégalovirus. Parmi ces pathologies, seules les fréquences de la candidose œsophagienne et de l'infection à cytomégalovirus augmentent depuis 1991, alors que celles des autres pathologies diminuent ou restent stables.
Ces tendances concernent les formes tardives de l'infection par le V.I.H. En effet, ces formes ne se développent que plus de 10 ans après l'infection pour la moitié des individus. Les tendances de l'épidémie de sida ne r eflètent donc pas l'évolution actuelle des nouvelles contaminations.
Références
[1] Surveillance du sida en France (30 juin 96). B.E.H 1996; 36 : 155-161. Retour au texte
[2] Définition du sida avéré (révision 1987). B.E.H 1987; 51 : 201-203. Retour au texte
[3] Révision de la définition du sida en France. B.E.H.1993; 11 : 49. Retour au texte
[4] Delmas M.C., Patris C., Pillonel J. et coll. Analyse de la survie des sujets atteints de sida diagnostiqués dans les principaux hôpitaux parisiens. B.E.H.1991; 51 : 221-223. Retour au texte
N.B. : les données brutes sont présentées dans les tableaux.
Les graphiques tiennent comptent des délais de déclaration et de la sous
déclaration (15%).
Mise à jour le 12 février 1997 | Edition :
Denis COULOMBIER
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