Convenons d'appeler expérience
aléatoire
une expérience dont on
ne peut ou ne veut pas prévoir complètement le résultat.
Autrement dit une expérience qui pourra donner des résultats
différents si elle est répétée (apparemment dans les mêmes
conditions). L'ensemble des résultats possibles d'une expérience
aléatoire
est en général codé de manière à n'en retenir
que certains aspects. Jouer à
pile ou face
consiste lors du lancer
d'une pièce, à ne s'intéresser qu'à la face sur laquelle elle
tombe en oubliant le nombre de rotations en l'air, le point de
chute... On note l'ensemble de toutes les valeurs possibles
que peut prendre ce codage. Les éléments de
sont les éventualités.
Voici quelques exemples.
Le codage en éventualités
relève d'un choix de
modélisation
qui comporte
un certain arbitraire. Si on joue à "pair ou impair" à la roulette,
{0,Pair, Impair} conviendra tout autant que
{0,1,...,36}. Le nombre de clients dans une file d'attente
à un instant donné ne peut pas être supérieur à la
population
de la terre. Aucune durée de fonctionnement sans panne n'a jamais
dépassé quelques siècles. Plus généralement, toute grandeur
observée peut être codée par les valeurs d'un ensemble fini
(les nombres représentables en machine), compte
tenu de sa précision et de son
étendue. Ici comme dans les autres
domaines des mathématiques appliquées, l'infini ou le continu ne sont
que des approximations destinées à simplifier le traitement
mathématique. L'expérience
aléatoire
de référence pour nous est
l'appel de la fonction
Random, ou
générateur
pseudo-aléatoire,
qui "retourne un
réel au hasard
dans l'intervalle [0,1]".
Nous verrons plus loin que les appels de Random n'ont rien d'imprévisible, pas plus que ceux des fonctions Sinus ou Exponentielle. Qu'il s'agisse des appels de Random ou de toute autre expérience, parler d'expérience aléatoire, c'est choisir de ne s'intéresser qu'aux résultats possibles, et oublier en fait les conditions de l'expérience. Si on maîtrise parfaitement la vitesse initiale de la pièce, la résistance de l'air et la hauteur par rapport au sol, alors le problème de savoir sur quelle face elle va tomber devient un problème de mécanique, que l'on peut résoudre au moins en théorie. Qu'il existe ou non des expériences dont le résultat soit parfaitement imprévisible est un problème de physique quantique ou de philosophie (Dieu joue-t-il aux dés ?), mais pas de probabilités. Le hasard au sens du probabiliste n'est qu'un expédient, un choix de modélisation qui consiste à recouvrir d'un voile pudique la complexité des phénomènes que l'on ne maîtrise pas, pour n'en retenir que certains aspects observables.
Un évènement
est un fait dépendant du résultat d'une
expérience
aléatoire
(ou plutôt de son codage en éventualités)
dont on pourra dire à l'issue de l'expérience
s'il est réalisé ou non. On peut donc l'assimiler à l'ensemble
d'éventualités pour lesquelles il est réalisé,
qui est un sous-ensemble de .
Pour le codage {Pile,Face}, "la pièce tombe sur la tranche" n'est pas un évènement, pas plus que "la personne interrogée n'a pas compris la question" pour un codage {Oui, Non} des réponses.
Toutes les combinaisons logiques d'évènements sont encore des
évènements. Si est un évènement, son contraire, noté
en est un aussi. Si
et
sont des évènements,
"
et
", noté
, ainsi que "
ou
", noté
, sont aussi des évènements.