Une
loi de probabilité,
ou distribution de probabilité,
est une fonction qui à un évènement
associe un nombre
, sa
probabilité.
Ce nombre traduit
les chances
que l'évènement a de se produire. Le moyen le plus
intuitif de définir une telle fonction est de répéter
l'expérience
aléatoire,
et d'associer à tout évènement sa
fréquence expérimentale.
Si
est le nombre
d'expériences,
le nombre de fois où l'évènement
s'est produit, la
fréquence expérimentale
de
est le rapport
. Voici par exemple
répétitions d'une expérience
dont les éventualités sont 0, 1 et 2.
Dans cet exemple, la
fréquence expérimentale
de est
, celle de
est
. L'inconvénient est que la
fréquence expérimentale
changera si on renouvelle les
expériences. En d'autres termes l'ensemble des
répétitions
constitue une nouvelle expérience
aléatoire
. Cependant nous avons
tous en tête une idée de la
loi des grands nombres
selon laquelle
les
fréquences expérimentales
sur un grand nombre de
répétitions varient peu. Voici quatre calculs successifs de la
fréquence expérimentale
de
, sur
répétitions
de la même expérience que ci-dessus.
Les propriétés que l'on attend d'une probabilité sont celles des fréquences expérimentales. On les considère comme des axiomes de définition.
Une conséquence immédiate des axiomes Ax2 et Ax3 est
la relation entre les
probabilités
d'un évènement et de son
complémentaire, noté
.
Les lois de probabilité que l'on manipule en pratique sont de deux types.
Exemple : Si l'ensemble des résultats est fini
et si aucune information ne
permet de distinguer les résultats, il est naturel d'associer à
chaque éventualité la
probabilité
. La
probabilité
de
tout évènement
est alors Card
. Cette probabilité
particulière s'appelle l'équiprobabilité. Tous les calculs
dans ce cas se ramènent à des dénombrements :
Etant donnée une
densité de probabilité,
on définit une loi de
probabilité
sur
en associant à tout évènement
l'intégrale de la
densité
sur cet évènement.
Exemple : Pour l'expérience
aléatoire
consistant à tirer au
hasard un réel dans (appel de
Random), on
considèrera sur
la
loi de probabilité continue, de
densité :
Elle donne à tout intervalle inclus dans une probabilité
égale à sa longueur.
Comme dans l'exemple ci-dessus, il est fréquent qu'une
densité
soit
strictement positive sur un intervalle (éventuellement non borné) de
, et nulle
ailleurs. L'intervalle sur lequel
est strictement positive s'appelle
le support de la loi.
On peut voir une
probabilité
comme une répartition de masse sur l'ensemble
des éventualités. La masse totale vaut 1. Dans le cas discret, elle
est répartie sur chacune des éventualités en "grains de plomb"
distincts. Dans le cas continu, elle est répartie sur tout un intervalle
de
, qui devient comme un fil de masse 1 dont la
densité
de masse
serait variable.
Calculer la
probabilité
d'un évènement, c'est calculer sa masse.
A part cette analogie, quel sens pratique a la notion de
probabilité
?
Peut-on mesurer physiquement des
probabilités
?
Le seul sens concret que l'on puisse leur donner est celui, intuitif, de la
loi des grands nombres.
"Pile a une chance sur deux de se produire"
signifie pour nous "Si je lance la pièce un grand nombre de fois, Pile
sortira environ une fois sur deux."
Intuition : La probabilité d'un évènement est la limite de ses fréquences expérimentales sur un grand nombre d'expériences indépendantes.
Cette intuition comporte plusieurs coins d'ombres. Que les fréquences expérimentales convergent sous certaines hypothèses est un théorème (c'est ce théorème qui porte le nom de loi des grands nombres). Pourquoi rajouter l'adjectif "indépendantes" ?
Imaginez une machine de précision à lancer les pièces : un bras articulé muni d'un plateau, relié à un ressort réglable à une valeur fixée une fois pour toutes. Mettons le ressort sous tension, posons la pièce sur le plateau, côté pile, et lâchons le ressort. Au premier essai on ne pourra pas prévoir si la pièce tombera sur pile ou face. Mais l'information apportée par le résultat du premier essai permettra de prévoir les suivants : les expériences ne seront pas indépendantes. Les fréquences expérimentales vaudront 1 ou 0 mais ne fourniront aucun renseignement sur le fait que la pièce soit équilibrée ou non.
L'objectif principal du paragraphe suivant est de préciser les notions de dépendance et d'indépendance d'évènements et d'expériences aléatoires.