Nous donnons trois exemples d'expériences aléatoires qui nous permettront de cerner les rôles respectifs des mathématiques et de la simulation dans la modélisation d'expériences aléatoires.
Exemple 1 : Aiguille de Buffon.
On lance au hasard une aiguille sur un parquet. On supposera pour simplifier que la longueur de l'aiguille est égale à la largeur d'une lame de parquet. Le problème consiste à calculer la probabilité pour que l'aiguille tombe à cheval sur 2 lames de parquet.
Une concrétisation de cette expérience se trouve au palais de la
découverte : les "lames de parquet" sont métalliques,
l'aiguille est retenue par un électro-aimant et tombe quand le visiteur
appuie sur un interrupteur. Si elle tombe à cheval sur deux lames, il y a
contact et un compteur est incrémenté. On peut donc calculer la
fréquence expérimentale.
Celle-ci est remarquablement proche de
(des millions de visiteurs ont appuyé sur le bouton...). On a
donc un moyen "expérimental" de calculer
. Notons que l'expérience
du palais de la découverte est déjà une analogie, une idéalisation du
problème initial : c'est un
modèle
physique.
Modèle mathématique.
Les hypothèses sont les suivantes.
Comme conséquence du modèle
mathématique, on peut démontrer que la
probabilité
cherchée vaut .
Calcul par simulation
Répéter fois
Random
Random
Si
Alors
finSi
finRépéter
Voici par exemple une
fréquence empirique
obtenue sur
expériences.
Dans les deux cas (calcul mathématique et simulation) on n'a fait que
développer les conséquences des hypothèses
de définition du
modèle.
La
simulation
n'a pas plus de rapport avec la réalité physique que le
calcul mathématique. D'ailleurs, on est obligé d'introduire la valeur
de dans l'algorithme pour au bout du compte...en déduire une
estimation
de cette valeur! Le miracle est que les conséquences
calculées des
hypothèses
de
modélisation
puissent avoir un rapport
avec une réalité physique, ou en d'autres termes que le modèle
mathématique puisse être validé par confrontation avec
l'expérience.
Exemple 2 : Paradoxe de Bertrand.
Dans un cercle de rayon 1, quelle est la
probabilité
pour qu'une corde
choisie
au hasard
soit de longueur supérieure à
(qui est la longueur du coté du triangle équilatéral inscrit dans
le cercle).
Modèle
1 :
On choisit un point
au hasard
dans le
disque et on lui associe la corde qui a ce point pour milieu. L'évènement
est réalisé si le milieu est dans le disque concentrique
de rayon .
Modèle
2 :
On choisit le milieu de la corde en tirant
au hasard
ses
coordonnées polaires : réel
au hasard
entre 0 et 1,
réel
au hasard
entre 0 et
. L'évènement est réalisé
si
.
Modèle 3 : On choisit les deux extrémités de la corde au hasard sur le cercle.
Il n'y a rien de choquant au fait que des hypothèses de modélisation différentes conduisent à des conséquences différentes. On pourrait simuler chacun des modèles proposés et en déduire les différentes probabilités annoncées par le raisonnement. Aucun des modèles proposés n'est plus "vrai" qu'un autre, tant qu'aucune expérience physique n'est là pour valider les résultats.
Exemple 3 : Tour de cartes.
On attribue une valeur à chaque carte d'un jeu de cartes : 1 à
et
encore pour les valets, dames et rois. Les cartes sont
étalées en ligne après avoir été mélangées.
Vous choisissez une carte parmi les premières et vous avancez vers la
droite d'autant de cartes que la valeur de celle que vous aviez choisie.
Vous recommencez jusqu'à ne plus pouvoir avancer (par exemple vous tombez
sur un
et il ne reste que
cartes à sa droite). La dernière carte
sur laquelle vous tombez est votre carte finale.
Le magicien se propose de deviner quelle est votre carte finale, sans rien
savoir de votre parcours. Pour cela, il choisit lui aussi une carte parmi les
premières et itère le même algorithme. Il déclare ensuite que
votre carte finale est la même que la sienne.
Si le jeu est mélangé
au hasard, quelle
probabilité
le magicien a-t-il
de deviner juste ?
Je ne connais pas de réponse mathématique à cette question. S'il en
existe une, elle est certainement très compliquée (le nombre de
permutations de cartes,
a
chiffres).
Quand un
modèle
est trop compliqué pour être traité
mathématiquement le recours à la
simulation
s'impose.
Voici une
fréquence expérimentale
obtenue sur la
simulation
de
permutations
aléatoires
des
cartes :